Les sujets de cette séance de votations me semblent bien plus aisés à aborder que d’habitude, impression certainement liée à ma sensibilité politique.
On m’a fait remarquer que mes synthèses n’étant pas neutres, autant les assumer jusqu’au bout. Voici donc, pour celleux qui ne désirent pas tout lire ou ne pas se tromper, mes recommandations de vote:
- Initiative sur l’élevage: OUI
- AVS21 – Relèvement de la TVA: NON
- AVS21 – Modification de l’AVS: NON
- Modification de l’impôt anticipé: NON
# Votations fédérales
# Initiative populaire sur l’élevage intensif
Nous voyons de plus en plus de discussions autour du bienêtre animal et de la souffrance, ce qui me fait énormément plaisir.
L’objectif de cette initiative est d’interdire l’élevage intensif et de diminuer la souffrance animale. Pour faire simple, les normes minimales proposées seront calquées sur le cahier des charges 2018 de Bio Suisse. En gros, l’initiative propose une diminution du nombre maximum de poules pondeuses par exploitation, une limitation du nombre de poules et poulets par poulailler et une légère diminution du nombre général d’animaux par hectare. Évidemment, et contrairement à ce que la majorité des opposant·e·s crient sur tous les toits, les mêmes normes s’appliqueront aux importations, ce qui protège les productions suisses.
Partout, dans les textes, on lit que les animaux sont hébergé·e·s de façon “particulièrement respectueuse”, ce qui me semble très subjectif. Évidemment, une diminution de la souffrance animale provoquerait une augmentation des coûts de production, et donc des prix des denrées finales, ce qui pourrait questionner la différence d’impact que cela aurait en fonction des revenus des ménages, mais ça me semble être un autre sujet de discussion.
D’après les chiffres du Conseil fédéral, ce changement de règles impacterait environ 5% des exploitations, et un délai transitoire de 25 ans pour se mettre aux normes, ce n’est donc pas le boulversement tant annoncé.
Alors ne nous voilons pas la face, c’est qu’un petit pas, mais c’est un pas dans la bonne direction. N’oubliez pas que le geste individuel le plus impactant, selon le rapport de Carbone 4 Faire sa part, c’est arrêter de manger des animaux:
# AVS21
Cette réforme de l’AVS est en deux parties. Afin d’être effective, il lui faut l’acceptation des deux objets.
Sous couvert d’un déficit imaginaire de l’AVS, la droite revient une fois de plus à l’attaque pour démanteler nos acquis sociaux. Pourtant, selon les chiffres de la Confédération, l’AVS semble plutôt en bonne forme.
# Financement additionnel de l’AVS par le biais d’un relèvement de la TVA
Dans un pays où les profits des entreprises, et des multinationales, battent régulièrement des records, utiliser la TVA comme unique moyen de renflouer les caisses de l’État est questionnable. De plus, l’augmentation de la TVA est un levier très inégalitaire, qui péjorera une fois de plus les plus précarisé·e·s.
C’est d’ailleurs paradoxal de nous proposer d’augmenter les taxes “citoyennes” dans une session de votation où l’on doit se positionner pour diminuer les taxes aux multinationales, cf. la loi sur l’impôt anticipé.
# Modification de la loi fédérale sur l’assurance-vieillesse et survivants (LAVS)
Ne vous méprenez pas, l’augmentation de l’âge du départ à la retraite de femmes, bien qu’immonde au vu de leur situation financière, permet de cacher une volonté de retarder encore plus ce départ. En effet, si cette réforme est acceptée, nous pourrons choisir, les précaires et exploité·e·s certainement moins que les autres, de partir plus tard, jusqu’à 70 ans, apparemment pour compenser nos années sans cotisations.
Comme d’habitude, la droite s’attaque aux acquis sociaux et évite de parler du problème de l’individualisme de notre économie. Quid des précaires qui, non content·e·s de ne pas cotiser suffisamment leur AVS, n’ont pas le droit de cotiser la LPP. Et pourquoi, en vendant une harmonisation égalitaire, ne descendrait-on pas le départ à la retraite des hommes à 64 ans?
# Conclusion
Dans tous les cas, les instigateurs·rices de la réforme proposent de fragiliser l’AVS, et veulent responsabiliser individuellement les citoyen·ne·s à travers la LPP. Je rappelle que le deuxième pilier (LPP) est refusé aux précaires, principalement les femmes, car le montant minimum par employeur est de 21 330 CHF/année. Donc, en cumulant quelques petits emplois vous pouvez avoir largement plus que le montant minimum mais sans pouvoir cotiser, et au passage vous faire voler la part patronale1.
Bref, si vous pensez pouvoir vivre dans une société totalement individualiste, votez 2x oui, et profiter des autres acquis sociaux (santé, études, transports, etc.) avant leur disparition.
# Modification de la loi fédérale sur l’impôt anticipé
Et voici la réforme libérale de la session. Une fois de plus on nous vend un besoin de compétitivité et on nous demande de faire des cadeaux à environ 200 entreprises, en espérant des retombées financières sans aucunes garanties. Bien évidemment, toutes les PME suisses ne verront aucun changement, si ce n’est un risque de déficit à compenser sur les recettes de l’État (augmentation de la TVA ou des impôts?).
Protégeons notre économie, luttons contre l’évasion fiscale et votons contre ce superbe cadeau aux multinationales.
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Le paiement de la LPP est séparé en deux, au maximum une moitié à la charge de l’employé·e et au minimum l’autre moitié à la charge de l’entreprise. Donc, sans cotisation LPP, vous économisez votre part, mais votre patron·e aussi. ↩︎