Et voilà, on s’y attendait pas trop, le procureur Vladimir Guillet a fait appel de notre acquittement…
Je rappelle juste que nous avions payé les frais de nettoyage (et tout mis en œuvre pour qu’il soit facile, la peinture était de la gouache donc lavable à l’eau) et que la régie avait retiré sa plainte. Nous n’étions jugées que pour une manifestation non-autorisée.
Monsieur Guillet trouve donc pertinent de dépenser l’argent des contribuables et de surcharger les tribunaux pour une manifestation sur un trottoir. Nous somme ici devant un exemple parfait de musèlement d’activistes.
# Le communiqué de presse
# Répression du droit de manifester : Genève fait appel contre l’acquittement de trois activistes
Le 30 janvier 2025, trois activistes de Renovate Switzerland ont été acquitté·e·s par le tribunal de police de Genève pour un jet de peinture sur UBS. Aujourd’hui, ils et elles voient leur verdict contesté. Leur action, jugée protégée par la liberté de réunion garantie par la Cour européenne des droits de l’Homme, avait conduit à leur relaxe. Mais le procureur Vladimir Guillet a fait appel, réclamant un nouveau procès et une condamnation. Cette démarche s’inscrit dans une tendance croissante de répression du droit de manifester en Suisse.
Citation de Gregory Trolliet (37 ans), qui distribuait des flyers le jour de l’action, a été condamné puis relaxé.
Faire appel d’un acquittement pour une manifestation non-autorisée démontre une fois de plus comment notre gouvernement veut faire taire les luttes environnementales, au frais des contribuables.
Citation de Prune Jaillet (43 ans), acquittée après une manifestation non-autorisée devant UBS.
Les procureurs de Genève, qui espèrent passer sous le radar de la justice internationale, mettent une fois de plus toutes leurs ressources à contribution pour que les plus gros pollueurs puissent continuer leur business « as usual », sans le bruit importun de citoyen·ne·s qui s’inquiètent pour leur avenir et celui de la planète.
# Rappel des faits
Le 20 novembre 2023, deux activistes de Renovate Switzerland ont aspergé de peinture la façade d’UBS pour dénoncer le manque de rénovation énergétique du parc immobilier détenu par la banque. Deux autres distribuaient des flyers aux alentours pour informer les passant·e·s de l’action. Tous·te·s ont été arrêté·e·s et placé·e·s en garde à vue pendant 28 heures, trois d’entre elles et eux ont été condamné·e·s par ordonnance pénale pour manifestation non-autorisée. Le 30 janvier 2025, le tribunal de police de Genève les a acquitté·e·s, se basant sur la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’Homme, qui protège la liberté de réunion pacifique même sans autorisation préalable. Une victoire juridique majeure pour l’activisme climatique en Suisse, aujourd’hui menacée par l’appel du ministère public.
# La répression de la liberté de réunion et d’expression en Suisse: une menace pour la démocratie
Le cas des trois activistes de Renovate Switzerland s’inscrit dans une répression croissante des manifestations pacifiques en Suisse. Ces derniers mois, plusieurs cantons ont restreint ou empêché des mobilisations citoyennes de manière préoccupante.
- Genève : Le ministère public a fiché 96 personnes, dont certaines non impliquées, dans une enquête visant des activistes d’Extinction Rebellion ayant tracé des pistes cyclables à la peinture. Quatre d’entre elles ont été soumises à une surveillance extrême : collecte de données bancaires, téléphoniques et électroniques, surveillance ADN et demande d’informations à EasyJet sur leurs réservations. Par ailleurs, la commune de Cologny a interdit une visite guidée sur la criminalité économique organisée dans le cadre du Festival du film et forum international sur les droits humains, justifiant cette interdiction par le risque de voir des activistes y participer.
- Valais : à Crans-Montana, la commune a empêché une manifestation dénonçant l’impact environnemental des sports d’hiver lors de la Coupe du monde Audi-FIS, revenant sur un compromis pourtant négocié avec la police et reléguant l’événement à un rassemblement marginal.
- Neuchâtel : la grève féministe poursuit la ville en justice après l’interdiction du passage de sa manifestation du 14 juin 2023 sur l’avenue de la Gare, invoquant la priorité accordée aux bus.
Dans un rapport publié en février 2024, Michel Forst, Rapporteur spécial des Nations Unies pour les défenseur·euse·s de l’environnement, alerte sur la répression grandissante des activistes environnementaux en Europe, en particulier ceux ayant recours à la désobéissance civile pacifique. Il rappelle que les États ont la responsabilité de garantir les libertés d’expression et de réunion pacifique, protégées par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). Selon lui, cette répression ne menace pas seulement les activistes, mais l’ensemble de la démocratie : en restreignant l’espace civique et la contestation pacifique, elle affaiblit le débat démocratique et freine les solutions à la catastrophe climatique.
La suite au prochain épisode…